Mon histoire
L’histoire de Pascale
Je m’appelle Pascale.
J’ai grandi dans une France de cahiers à grands carreaux et de boutiques de quartier, où l’on saluait encore son cordonnier par son prénom. À la maison, on réparait tout : une poignée, un ourlet, une chaise qui boitait. J’aimais ce moment où un objet repart comme neuf. C’est là que j’ai compris que les mains peuvent raconter des choses.
Quand je suis arrivée à Paris, j’ai découvert l’atelier d’un artisan. Le matin sentait la cire, l’après-midi, le métal tiède. La lime avait ce bruit fin qui calme l’esprit. J’étais d’abord là pour aider, puis j’ai appris à polir, souder, assembler. Ce n’était pas du luxe, c’était du soin. Je rentrais le soir avec des paillettes de métal sur les doigts et l’impression de tenir quelque chose d’utile.
La vie a suivi son chemin. Un travail, des enfants, une cuisine toujours trop petite, les dimanches au parc. Les animaux n’ont jamais quitté la maison. Aujourd’hui, ce sont Laïka, grande et posée, et Ficelle, petite et vive, qui m’accompagnent. Elles s’installent à mes pieds quand je travaille ; je dis souvent qu’elles sont mes inspectrices des finitions.
Peu à peu, j’ai commencé à faire mes propres pièces. Rien d’extravagant : des formes simples, des métaux qui durent, des chaines confortables qu’on oublie quand on les porte. J’aimais l’idée que mes bijoux ne soient pas réservés aux grandes occasions, mais qu’ils deviennent des habitudes comme un café du matin ou une promenade au bord de l’eau. Les premiers sont partis chez des amis, puis des voisins, puis des connaissances de marché. Pas de vitrine, pas de publicité : juste le bouche à oreille.
Les années ont passé. J’ai gardé un petit atelier : une table en bois patinée, une lampe articulée, des boîtes étiquetées au crayon. Chaque tiroir a son mélange d’outils et de souvenirs. Pendant longtemps, je me suis dit : « Je continuerai tant que mes mains auront envie. » Elles ont encore envie, mais elles demandent désormais qu’on ralentisse un peu.
Alors j’ai pris la décision que l’on repousse toujours trop : préparer ma sortie de métier. Ce n’est ni un coup de théâtre ni une tristesse, c’est une étape. Je n’ai pas de repreneuse, et mon atelier contient encore des séries limitées auxquelles je tiens : mon meilleur modèle : le collier chien / chat porte bonheur.
C’est là qu’est intervenu mon petit-fils. Il a observé mes boîtes, a souri, et m’a dit :
« Mamie, on va faire simple : on met tout en ligne, on explique, et on vide l’atelier à bas prix.. 0 pertes mais 0 gains »
J’ai répondu que je n’avais jamais eu de site. Il a haussé les épaules : « Justement, on le fait maintenant, pour la dernière ligne droite. Je m’en occupe. »
Il a pris des photos sur la table du salon, a choisi une écriture lisible, a organisé les modèles. Il m’a montré la page d’accueil comme on ouvre un rideau : le site est né pour ça, et pour ça seulement — écouler mes dernières pièces, proprement, sans gonfler les prix, sans discours compliqué.
Nous avons décidé de prix très doux — jusqu’à –80 % — parce que l’objectif n’est plus de “tenir une saison”, mais de laisser partir des pièces bien faites vers des personnes qui les porteront vraiment. La qualité ne change pas ; j’ai simplement accepté de raccourcir l’histoire des chiffres pour finir la mienne plus sereinement.
La règle est simple : quand un modèle s’en va, il s’en va. Il n’y a pas de réassort, pas d’“après”. Juste ces derniers exemplaires, ces derniers rubans noués à la main, ces dernières enveloppes kraft écrites en lettres rondes. Laïka et Ficelle me regardent préparer les paquets ; j’aime penser qu’elles comprennent que l’atelier se vide doucement.
Si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes entré(e) dans ce petit espace que mon petit-fils a construit pour la fin. Il a eu l’idée, il a fait le site, il m’a montré où cliquer ; moi, je m’occupe du reste : choisir, emballer, envoyer. Je ne vous promets pas des miracles, juste des objets sincères, faits pour durer et pour accompagner.
Dans ces derniers jours de carrière, je compte sur vous — anciens clients, visiteurs de passage, amoureux des choses bien faites — pour m’aider à vider l’atelier en beauté. Prenez ce qui vous parle. Offrez-le. Portez-le. Qu’il devienne, chez vous, une habitude heureuse.
Merci d’être là.
— Pascale
(et merci à mon petit-fils pour l’idée… et le site, arrivés pile au bon moment)